A la recherche de l’équilibre

Amis poètes bonjour !

L’artiste, juge et partie de sa propre démarche, définit et construit, au regard de ses motivations et de ses obsessions, les ancrages, les thèmes à partir desquels sa création se déploie. C’est également lui qui fixe les limites de ses réalisations et au terme de ce parcours, il pose arbitrairement, bien au-delà de sa signature, le niveau d’achèvement de son travail.

Cet acte fondateur, profondément légitime et éminemment subjectif, constitue le point final de sa réalisation. Si parfait soit-il aux yeux des publics, l’objet d’art comporte un caractère fatalement inachevé du fait de l’absence de contraintes formelles lors de l’initiation du processus de création. Ce rapport à l’incertitude est constitutif de l’émergence de l’œuvre d’art.

À partir de l’impulsion initiale, cette perception première et primitive des émotions et des confrontations au monde, l’artiste-auteur esquisse un chemin créatif qui potentiellement, un jour, donne naissance à une œuvre. Dans ce processus inventif, rien ne s’opère de semblable, d’équivalent à une simple traduction ou une transposition de la réalité ou d’une idée.

L’inachèvement de l’œuvre d’art est à l’évidence un point de rupture fondamental et subjectif entre deux univers, celui de la création, autoréférentiel par essence, et celui de l’exposition au public ouvert à de multiples conversations avec des artistes-interprètes.

Les controverses sur la philosophie de l’art ou de l’esthétique, propres au monde de l’art ne sauraient réduire à quelques injonctions conceptuelles les principes et les critères de ce qui fait l’art ou pas. L’art n’est pas une théorisation du réel ni le vecteur d’une idéologie, c’est un rapport personnel aux discontinuités du monde ouvert aux autres.

Qu’importe de savoir si l’intention précède l’action, c’est finalement lorsque le choix concret de faire s’impose que se cristallise la perspective de l‘œuvre. Le processus de création permet alors de passer de l’idée à la réalisation et à sa présentation vers des artistes-interprètes.

Pour autant, il y a lieu de s’interroger sur ce cycle de création et plus encore sur le fil conducteur qui relie le point de départ de la démarche jusqu’au dénouement du processus où l’œuvre passe du côté des destinataires poursuivant ainsi sa trajectoire, selon des modalités fort différentes.

Autant d’interrogations qui sont finalement tranchées par les publics et le tamis de l’histoire qui relègue quelquefois aux oubliettes les célébrités d’une époque pour mettre en lumière d’autres précédemment ignorées.

Aujourd’hui, les opérateurs institutionnels et privés du monde de l’art organisent à l’échelle mondiale les principales manifestations et leur médiatisation. Par ailleurs, les transactions se réalisent au sein d’un entre-soi assez artificiel de collectionneurs d’art fortunés et d’intermédiaires. Elles cristallisent ainsi la compétition entre des métropoles planétaires, fixant à priori ce qu’est ou n’est pas l’art d’aujourd’hui.

Loin de ces considérations souvent idéologiques, prenons tout simplement le cycle de création d’une œuvre d’art en mode SWEEP-ART® comme l’accomplissement d’une œuvre à partir d’une chorégraphie inventive et d’un point de finalisation particulièrement sensible :

  • Au commencement, une impulsion première libère comme par magie l’énergie initiale
  • Cet impératif intérieur l’associe d’emblée aux premiers ancrages de la conception de l’œuvre
  • La création-réalisation se poursuit alors par une alchimie tâtonnante et simplexe quel qu’en soit le support.
  • L’artiste donne alors à l’œuvre, en toute subjectivité, un niveau d’inachèvement, un équilibre assumé.
  • Au fil du temps les publics sont naturellement les acteurs de sa mutation en un élément culturel collectif.

Nous revenons ainsi à l’essentiel de l’œuvre d’art. Il s’agit bien d’un processus de création intentionnel, poétique et distancié, à partir des impulsions, des perceptions de phénomènes, de réalités ou d’idées dont l’artiste détient les clés originelles, celles de sa réalisation et de son équilibre final.

En effet, l’art est un véritable vecteur de sublimation et de transcendance des réalités les plus sensibles ouvert aux questionnements de nos existences, lorsqu’il ne se contente pas d’être seulement l’expression des aléas émotionnels de ses auteurs, l’interprétation idéologique et militante de la réalité ou le reflet exclusif d’une recherche transgressive par principe sur l’art lui-même.

Amis poètes bon vent.

Allons en rangs épars sous les plis que nous laissent les rouleaux gris
entre les printemps de l’orient et les saisons de perles de pluie encensées de si courtes peines
le brillant des soirs monotones n’en finit pas de nous questionner