Explorer une œuvre d’art
Amis poètes bonjour !
Une œuvre d’art ne peut évidemment pas se réduire à une interprétation unique et irréfutable. Une œuvre d’art est avant tout un artefact, un vecteur d’émotions intrinsèquement dépourvu de sens. Cependant quelques clés d’exploration d’une œuvre, entre autres les attracteurs poétiques, peuvent être d’un précieux secours.
Tout se joue lors des subtiles conversations entre des publics chargés des mystères du monde qui les obsèdent et l’œuvre. Ce sont ces dialogues entre les artistes-interprètes en puissance, et l’œuvre elle-même qui feront sens. Ainsi, chaque spectateur génère ses propres résonances, en fonction de ses préoccupations du moment, et naturellement au regard de ses propres fondamentaux. il se dégage alors, une interprétation singulière de l’œuvre, à la manière d’un musicien de jazz, de variations en improvisations, créant ainsi une sphère imaginaire et souvent éphémère.
Bien que l’émotion esthétique spontanée puisse se suffire à elle-même pour apprécier une œuvre, l’identification de quelques repères graphiques ou de clés métaphoriques peut favorablement s’ajouter au plaisir du regard et en amplifier l’appropriation. Ce sont les attracteurs qui font l’objet de ce supplément
Considérerons ces attracteurs comme des formes graphiques génériques, comme des catalyseurs qui sous-tendent le processus créatif de l’artiste-auteur et se cristallisent au fil de sa démarche. L’agrégation de ces attracteurs est constitutive du cheminement poétique de création, en particulier en mode sweep-art©, ce qui est la cas des œuvres Slers. Ils constituent, de facto, au cœur même de l’œuvre des passerelles au moins implicites entre les artistes-auteurs et les artistes-interprètes.
Les attracteurs constituent donc des marqueurs poétiques indissociables de la cognition ou de la création de l’œuvre. On peut également les appréhender comme de simples archétypes culturels qui s’insèrent spontanément dans le jeu créatif de l’artiste.
Dès lors considérons plusieurs familles d’attracteurs :
- Les attracteurs thématiques, symboliques… des signes, des symboles, des métaphores en résonnance avec des préoccupations du moment
- Les attracteurs tectoniques, rythmiques… des lignes, des formes et des masses qui structurent la perception globale de l’œuvre
- Les attracteurs chromatiques… des couleurs, des contrastes, des tonalités qui modulent l’équilibre et l’intensité de l’œuvre
- Les attracteurs graphiques, stylistiques… des motifs, des figures, des textures contributives au style de l’œuvre
La prise en compte de ces attracteurs poétiques permet d’apporter une dimension plus ouverte à l’exploration de l’œuvre parce qu’ils créent, par leurs positions, leurs proximités ou leurs répétitions, une trace dynamique de la pensée graphique de l’auteur.
Face à cette étrangeté spontanée de l’art et à la dimension polysémique de la pensée graphique, les œuvres portent indéniablement en elles des clés primaires de notre humanité. Elles apportent une ouverture indiscutable au monde, à soi-même et aux autres. Comment ne pas faire le lien avec les œuvres pariétales extraordinaires qui ont traversé le temps dans des sites préservés depuis des millénaires? Comment ne pas pressentir dans le geste ou la voix, les signes d’une chorégraphie du monde, l’art comme une signature singulière de l’humanité?
En déployant par touches récursives l’armature, les motifs, les lignes de fractures les liens ou les densités chromatiques, l’artiste fixe, in fine, l’équilibre de son œuvre une comme conclusion provisoire au terme d’un parcours improbable.
Finalement, le rapport à toute création artistique relève essentiellement de l’expérience esthétique personnelle. Elle fonde la relation au mystère d’une œuvre sans laquelle l’art n’est qu’un pseudo code culturel sans profondeur. Elle échappe ainsi par essence aux perspectives de pure objectivation, parce que la nature de l’émotion n’est pas réductible à sa description formelle.
Ainsi, la boucle est bouclée, la poétique est au cœur même de la création d’une œuvre d’art comme elle l’est dans son interprétation et les attracteurs sont autant d’indices sur le palimpseste de chaque œuvre. Ils révèlent tout naturellement une part du cheminement de la pensée graphique des artistes-auteurs et deviennent également des amplificateurs sensibles de l’émotion des artistes-interprètes.
Amis poètes bon vent !
les feux follets se consument dans des allées les verts se jouent des vains mots las
sans issue les accents persistants parfument de signes blancs les inclinaisons
le froissement des interrogations et les courbes lentes se nouent