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EBAHAUT
Il en faut des heures entières et des rideaux d’ombres fiers rangés près des tableaux noirs pour se fondre dans la matière sentir la fraicheur des choses et se détacher des miroirs voilà que le tintamarre s’enfuit qu’on l’ignore ou qu’on le chasse par la vigueur de nos audaces nous voilà funambules dans le lit des ruisseaux de nos sensations sous l’œil muet de nos émotions
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COURB
Les hanches rondes dansent entre rires faussement crus dans la lenteur des courbes des foules dans les rues personne sous les pas raides ne se soucie du balancement qui s’installe instamment l’ambiance lissée se torsade les lianes se font navettes des plissements en cascade se froissent en saccades comme un cri de tempête sans tambour ni tue-tête à l’évidence la terre est basse
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AFFLEURAISON
Le souffle court abasourdi dans le huis-clos se plie sous la masse amusante des tapis lourds amassent tout devient languissant klaxonnant et trébuchant Il a fallu si peu de temps pour disperser l’air frais dans la nonchalance des volutes du silence un nœud marin se défait pourvu qu’on le défasse
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RIZORHINO
Quand le vol lourd du pélican percute la surface de l’eau lisse juste avant que n’explose en mille brins de malice l’air pressé des métamorphoses qui précède l’enchevêtrement le souffle se fige un instant que d’inutiles lassitudes cumulées en cheminements sans feu ni flamme en atermoiements sans fin reportés laissons les marécages aux oiseaux aux chasseurs des voyages sans âme le soin de bichonner leurs oripeaux filons à perdre haleine nos filons
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FASTICHE
le diaphane des projecteurs lisse le contour des paysages seules les paupières s’animent au rythme des plis d’usage in fine l’écrin du décor fige les poses dans l’atmosphère nos repères s’évanouissent l’horizon lui-même s’efface les réalités se dispersent au contact de l’incandescence de concepts aussi abyssaux ne restent alors que les vassaux
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DEVITAGE
Tout comme à l’escrime le mouvement s’installe et le mobile du crime fait place à l’esthétique le geste claque enfin la partie touche à sa fin c’est un ballet improvisé sur des notes aléatoires les plis de l’air froissé propagent leurs courants ce qui d’emblée émerge n’est que scorie sur berge