-
LIGNAGE
Les matins frais cèdent à ce qui les précède dans les horizons bleus des soldats boutefeux si ce n’est que la vie se dilue à l’envi la focale s’élargit les feuilles s’enroulent la forêt devient chou le paysage reste flou et les nuages batifolent dans le ciel vert de gris
-
UREGOCE
Sous l’acajou des bars louches les bijoux se redorent les fumées des allumettes consument les yeux vitrifiés rien ne reste de l’accalmie que les reflets occis dérisoires la pression ne s’émousse pas tout gravite et se dissipe les filaments les souffles raz même ténus sont scrutés pourvu que les masses restent médusées comme corde à sauter
-
ALIMAGE
Dans les jardins fermés par des mains polichinelles nos fulgurances à la peine sommeillent disloquées elle est grosse la ficelle de la porte sans penne faussement loquée on dit qu’à l’évidence les petits ruisseaux font les grands flots alors par quelle magie entrent–ils dans la danse si ce n’est que la vie c’est l’ombre de l’enfance
-
STEPPAGE
C’est au tour des papillons de frôler l’écume des ressacs dans le sable sans pression le cache-cache des moutons se glisse en fines lianes sur les roches du pas à l’âne c’est le cycle des rayons Faut-il oublier les heures lasses en arpentant les jardins clos s’émerveiller des vies fugaces ou se contenter de discourir sur l’évidence des mots des fleurs prêtes à se flétrir et des malheurs à venir
-
STARTAIRE
La rondeur des genoux d’antan dessinent des ronds en surface les reflets bleuissent l’air doux ainsi s’installe le contretemps des phrases sans complément juste pour dérider d’un à-coup le murmure qui s’efface ni fleurs ni cars ni klaxon le bourdonnement se faufile entre les mailles des mantilles comme le font les poissons des filets dansent et brillent entre les gouttes de mousson sur les bulles que nous savons
-
CAGENAL
Tout passe sauf ce qui reste et le reste c’est à voir s’il en reste encore ce soir tant le temps nous échappe avant même de nous ravir souvent l’esprit chavire le sort en est jeté c’est fait enfin sorti des turbulences voilà la chère transaction bornée mais au fait de quoi l’objet est-il le nom sinon le sien ce qui non plus n’est pas rien